Roger de Rabutin, comte de Bussy, auteur français (mort en 1693)
Roger de Rabutin, comte de Bussy (13 avril 1618 - 9 avril 1693), communément appelé Bussy-Rabutin, était un mémorialiste français. Il était le cousin et correspondant fréquent de Madame de Sévigné.Né à Épiry, près d'Autun, il représentait une famille de distinction en Bourgogne, et son père, Léonor de Rabutin, était lieutenant général de la province du Nivernais.
Roger était le troisième fils, mais à la mort de ses frères aînés est devenu le représentant de la famille. Il étudie d'abord à l'école des Jésuites d'Autun, puis au Collège de Clermont. Il part à l'armée alors qu'il n'a que seize ans et participe à plusieurs campagnes, succédant à son père au poste de mestre de camp. Il participe en 1634 au siège de La Mothe-en-Bassigny en Lorraine sous la direction du maréchal de La Force. Lui-même nous raconte que ses deux ambitions étaient de devenir "honnête homme" et de se distinguer dans les armes, mais la chance était contre lui. En 1641, il fut envoyé à la Bastille par Richelieu pendant quelques mois en guise de punition pour avoir négligé ses devoirs dans sa poursuite de la galanterie.
En 1643, il épouse une cousine, Gabrielle de Toulongeon, et quitte brièvement l'armée. Mais en 1645, il succéda à la position de son père dans le Nivernais et servit sous Condé en Catalogne. Sa femme mourut en 1646, et il devint plus notoire que jamais grâce à une tentative d'enlèvement de Madame de Miramion, une riche veuve. Cette affaire a été réglée avec quelque difficulté par un paiement considérable de la part de Bussy, et il a ensuite épousé Louise de Rouville.
Lorsque Condé a rejoint le parti de la Fronde, Bussy l'a rejoint, mais un affront imaginaire de la part du prince l'a finalement décidé pour le côté royal. Il a combattu avec une certaine distinction à la fois dans la guerre civile et au service extérieur et, achetant la commission de mestre de camp en 1655, il a continué à servir sous Turenne en Flandre. Il y servit dans plusieurs campagnes et s'y distingua à la Bataille des Dunes (1658) et ailleurs ; mais il ne s'entendait pas bien avec son général, et son tempérament querelleur, sa vanité démesurée et son habitude de composer des chansons diffamatoires en firent finalement l'ennemi de la plupart des personnes en position tant dans l'armée qu'à la cour.
En 1659, il tomba en disgrâce pour avoir participé à une orgie à Roissy près de Paris pendant la semaine sainte, ce qui provoqua un grand scandale. Bussy reçut l'ordre de se retirer dans ses domaines du château de Bussy-Rabutin et séduisit ses loisirs forcés en composant sa célèbre Histoire amoureuse des Gaules (écrite en 1660) pour l'amusement de sa maîtresse malade, Madame de Montglas. Ce livre, une série de portraits et de récits des intrigues des principales dames de la cour, assez spirituel, mais encore plus méchant, circulait librement en manuscrit et avait de nombreuses suites fallacieuses. Bien que Bussy ait nié les accusations, blâmant Madame de la Baume (Catherine de Bonne, comtesse de Tallard, décédée en 1692), une de ses anciennes intimes, on a dit qu'il n'avait pas épargné la réputation des membres de la famille royale, dont Madame et la reine mère. Dans une lettre d'excuses et d'explications au roi, Bussy prétendait qu'un faux ami qui avait demandé à l'emprunter brièvement (Madame de la Baume) l'avait copié et modifié à son insu. Le roi, en colère contre le rapport, fut momentanément apaisé lorsque Bussy lui montra le manuscrit original pour réfuter le scandale, mais une réunion à huis clos (probablement avec Madame de la Baume) scella le sort de Bussy. Il fut envoyé à la Bastille le 17 avril 1665, où il resta plus d'un an, et il ne fut libéré qu'à la condition de se retirer dans ses terres, où il vécut en exil pendant dix-sept ans. Bussy ressent vivement la disgrâce, mais la fin forcée de sa carrière militaire est encore plus amère. En 1682, il est autorisé à revenir à la cour, mais la froideur de son accueil fait que son exil provincial semble préférable et il retourne en Bourgogne où il meurt.
Il avait été élu à l'Académie française en 1665, et y occupa sa chaire jusqu'à sa mort en 1693.
L'Histoire amoureuse des Gaules est adaptée de Pétrone dans ses passages les plus frappants, et ses attraits incluent ses célèbres portraits critiques de Madame de Sévigné et du prince de Condé et son style unique. Ses Mémoires, publiés après sa mort, sont également vifs et caractéristiques et ont tout le charme d'un roman historique de type aventureux. Sa volumineuse correspondance cède à peu de recueils du genre en variété et en intérêt, si ce n'est à celui de Madame de Sévigné, qui y est en effet représentée en grande partie, et dont les lettres y parurent pour la première fois. L'étudiant littéraire et historique doit donc quelques remerciements à Bussy.
Bussy a écrit d'autres choses, dont la plus importante, sa Généalogie de la famille Rabutin, est restée manuscrite jusqu'en 1867, tandis que ses Considérations sur la guerre ont été publiées pour la première fois à Dresde en 1746. Il a également écrit une série de biographies à l'usage de ses enfants, dans lequel sa propre vie sert un but moral.