Pierre-Claude Nivelle de La Chaussée, auteur et dramaturge français (décédé en 1754)
Pierre-Claude Nivelle de La Chaussée (14 février 1692 à Paris - 14 mai 1754 à Paris) était un dramaturge français qui a brouillé les frontières entre comédie et tragédie avec sa comédie larmoyante.
En 1731, il publie une Epître de Clio, un poème didactique en défense de Leriget de la Faye dans sa dispute avec Antoine Houdar de la Motte, qui avait soutenu que le vers était inutile dans la tragédie. La Chaussée avait quarante ans avant de monter sa première pièce, La Fausse Antipathie (1734). Sa seconde pièce, Le Préjugé à la mode (1735) tourne autour de la peur d'encourir le ridicule ressentie par un homme amoureux de sa propre femme, préjugé dissipé en France, selon La Harpe, par la comédie de La Chaussée. L'École des amis (1737) suit et, après une tentative de tragédie infructueuse dans Maximinien, il revient à la comédie dans Mélanide (1741).
Mélanide développe pleinement le genre connu sous le nom de comédie larmoyante. La comédie ne devait plus provoquer le rire, mais les larmes. L'innovation a consisté à détruire la distinction nette qui existait alors entre tragédie et comédie dans la littérature française. Des indices de ce changement avaient déjà été offerts dans l'œuvre de Marivaux, et les pièces de La Chaussée conduisaient naturellement au drame domestique de Diderot et de Sedaine. La nouvelle méthode a trouvé des ennemis acharnés. Alexis Piron surnomme l'auteur "le Révérend Père Chaussée" et le ridiculise dans l'une de ses épigrammes les plus célèbres.
Voltaire a soutenu que la comédie larmoyante était une preuve de l'incapacité de l'auteur à produire l'un ou l'autre des genres de drame reconnus, bien qu'il ait lui-même produit une pièce de caractère similaire dans L'Enfant prodigue. L'hostilité des critiques n'empêche pas le public de verser chaque soir des larmes sur les chagrins de l'héroïne de La Chaussée.
L'École des Mères (1744) et La Gouvernante (1747) forment, avec celles déjà citées, le meilleur de son œuvre. Les buts moraux stricts poursuivis par La Chaussée dans ses pièces semblent peu compatibles avec ses préférences privées. Il fréquente la même haute société que le comte de Caylus et contribue aux Recueils de ces messieurs. Villemain a dit de son style qu'il écrivait des vers prosaïques avec pureté, tandis que Voltaire, généralement un critique défavorable de son travail, a dit qu'il était «un des premiers après qui ceux ont du génie».
Pour la comédie larmoyante voir Gustave Lanson, Ninette de la Chaussée et la comédie larmoyante (1887).