Jean Herauld Gourville, aventurier français (mort en 1703)

Jean Herauld Gourville (10 juillet 1625 - 14 juin 1703) était un aventurier français.

Il est né à La Rochefoucauld, dans l'actuel département de la Charente. A dix-huit ans, il entre comme domestique dans la maison de La Rochefoucauld et devient en 1646 secrétaire de François de La Rochefoucauld, auteur des Maximes. Débrouillard et vif d'esprit, il rendit service à son maître pendant la Fronde, dans ses intrigues avec le parlement, la cour ou les princes. Dans ces négociations, il fit la connaissance de Condé, qu'il voulait aider à s'évader du château de Vincennes ; de Mazarin, pour qui il négocia la réconciliation avec les princes ; et de Nicolas Fouquet.

Après la Fronde, il s'est engagé dans les affaires financières, grâce à Fouquet. En 1658, il cultive la taille en Guyenne. Il acheta des rentes dépréciées et les fit porter à leur valeur nominale par le fisc ; il extorque des cadeaux aux financiers pour sa protection, étant le confident de Fouquet dans de nombreuses opérations dont il partage les bénéfices. En trois ans, il accumula une fortune énorme, encore augmentée par son bonheur indéfectible aux cartes, jouant même avec le roi. Il fut impliqué dans le procès de Fouquet et, en avril 1663, fut condamné à mort pour concussion et détournement de fonds publics ; mais s'échappant, fut exécuté en effigie. Il envoya un soir un valet descendre l'effigie du gibet de la cour du Palais de Justice, puis s'enfuit du pays.

Il resta cinq ans à l'étranger, étant excepté en 1665 de l'amnistie accordée par Louis XIV aux financiers condamnés. Rentré clandestinement en France, il entra au service de Condé qui, ne pouvant faire face à ses créanciers, avait besoin d'un habile régisseur pour mettre de l'ordre dans ses affaires. C'est ainsi qu'il put reparaître à la cour, assister aux campagnes de la guerre de Hollande, et s'offrir à toutes les délicates négociations pour son maître ou le roi. Il reçut des missions diplomatiques en Allemagne, en Hollande et surtout en Espagne, quoique ce ne soit qu'en 1694 qu'il fut affranchi de la condamnation prononcée contre lui par la chambre de justice. A partir de 1696, il tombe malade et se retire dans son domaine, où il dicte à son secrétaire, en quatre mois et demi, ses Mémoires, source importante pour l'histoire de son temps. Malgré plusieurs erreurs, introduites à dessein, elles donnent une idée claire de la vie et des mœurs d'un financier du temps de Fouquet, et éclairent certains points de l'histoire diplomatique. Ils ont été publiés pour la première fois en 1724.

Gourville meurt à Paris le 14 juin 1703.