Gunther, archevêque de Cologne

Gunther ou Gunthar ( allemand : Günther ; décédé le 8 juillet 873) était archevêque de Cologne en Allemagne de 850 jusqu'à ce qu'il soit excommunié et déposé en 863.

Gunther appartenait à une noble famille franque et, si l'on en croit le poète Sedulius Scottus (Carm. 68 sqq. in "Mon. German. Histor.", Poetæ Lat., III, 221 sqq.), était un homme de grande capacité . Il fut sacré archevêque de Cologne le 22 avril 850 (Annal. Col., ad an. 850). Longtemps il refusa de céder son diocèse suffragant de Brême à saint Ansgar qui, pour faciliter ses travaux missionnaires, désirait le réunir à son archidiocèse de Hambourg. L'affaire fut finalement réglée (vers 860) par le pape Nicolas Ier en faveur de saint Ansgar, et Gunther consentit à contrecœur.

Gunther, devenu archaumônier du roi Lothaire II, reçut une notoriété peu enviable par sa conduite injustifiable lors du divorce de ce roi licencieux avec sa légitime épouse Teutberga. Lors d'un synode tenu à Aix-la-Chapelle en janvier et un autre en février 860, quelques évêques et abbés, sous la direction de Gunther, obligèrent Teutberge à déclarer qu'avant son mariage avec le roi, elle avait été violée par son frère. Lors de sa confession obligatoire, le roi a été autorisé à la rejeter et elle a été condamnée à un couvent. Lors d'un troisième synode tenu à Aix-la-Chapelle en avril 862, Gunther et quelques autres évêques lorrains autorisèrent le roi à épouser sa concubine Waldrada. Nicolas Ier a envoyé deux légats pour enquêter sur l'affaire, mais le roi les a soudoyés et, lors d'un synode qu'ils ont tenu à Metz, en juin 863, le divorce a été approuvé. Selon l'historien baron Ernouf, Gunther était l'oncle de Waldrada et Thietgaud, archevêque de Trèves était son frère. Gunther et son outil Thietgaud, ont eu l'audace de porter les actes du synode au pape et de demander son approbation. Le pape convoqua un synode dans le Latran en octobre 863, au cours duquel la décision du synode de Metz fut rejetée, et Gunther et Thietgaud, qui refusèrent de se soumettre, furent excommuniés et déposés. Les deux archevêques rédigent un document calomnieux de sept chapitres (reproduit dans P. L., CXXI, 377-380) dans lequel ils accusent le pape de les avoir injustement excommuniés. Ils envoyèrent des copies du document au pape, le rebelle Photius, patriarche de Constantinople, et aux évêques de Lorraine. Le pape, cependant, n'a pas hésité même lorsque l'empereur Louis II est apparu devant Rome avec une armée dans le but de le forcer à retirer l'interdiction d'excommunication des archevêques.

Bien qu'excommunié et déposé, Gunther retourna à Cologne et exerça des fonctions ecclésiastiques le jeudi saint 864. Cependant, lorsque les autres évêques de Lorraine et le roi Lothaire se soumirent au pape, Gunther et Thietgaud comparurent devant le synode que le pape convoqua à Rome en Novembre 864, demandant à être libéré de l'excommunication et restauré à leur siège, mais ils n'ont pas réussi.

Après l'avènement du pape Adrien II, Gunther et Thietgaud retournèrent à Rome en 867. Thietgaud était désormais libéré de l'interdit, mais Gunther resta excommunié jusqu'à l'été 869, lorsque, après une rétractation publique (PL, CXXI, 381), il a été admis par le pape à communier laïc à l'abbaye de Monte Cassino.

Le siège de Cologne avait été donné en 864 par Lothaire au sous-diacre Hugues, neveu de Charles le Chauve. Il a été déposé en 866 et Gunther a retrouvé son siège. Placé sous le ban, Gunther engagea son frère Hilduin de Cambrai pour exercer à sa place des fonctions ecclésiastiques. Après la mort du protecteur de Gunther, Lothaire II, Wilbert est élu archevêque de Cologne (7 janvier 870). Voyant que tous les efforts pour regagner son siège seraient vains, Gunther reconnut le nouvel archevêque et quitta définitivement Cologne.

Il mourut en 873.