René Girard , historien, philosophe et critique franco-américain (né en 1923)
René Noël Théophile Girard (; français : [ʒiʁaʁ] ; 25 décembre 1923 - 4 novembre 2015) était un polymathe français, historien, critique littéraire et philosophe des sciences sociales dont l'œuvre appartient à la tradition de l'anthropologie philosophique. Girard est l'auteur de près de trente livres, ses écrits couvrant de nombreux domaines académiques. Bien que la réception de son travail soit différente dans chacun de ces domaines, il existe un corpus croissant de littérature secondaire sur son travail et son influence sur des disciplines telles que la critique littéraire, la théorie critique, l'anthropologie, la théologie, la psychologie, la mythologie, la sociologie, l'économie, études culturelles et philosophie.
La principale contribution de Girard à la philosophie, et à son tour à d'autres disciplines, se situe dans le domaine des systèmes épistémologiques et éthiques du désir. Girard croyait que le développement humain se produit initialement par un processus de mimétisme d'observation, où le nourrisson développe le désir à travers un processus d'apprentissage pour copier le comportement des adultes, liant fondamentalement l'acquisition de l'identité, des connaissances et de la richesse matérielle au développement d'un désir d'avoir quelque chose que les autres possèdent. .
Tous les conflits, compétitions et rivalités trouvent donc leur origine dans le désir mimétique (rivalité mimétique), qui finit par atteindre des stades destructeurs de conflit à la fois entre les individus et les groupes sociaux qui les obligent à blâmer quelqu'un ou quelque chose afin de désamorcer le conflit par le mécanisme du bouc émissaire. Incapables d'assumer la responsabilité ou de s'engager dans l'autoréflexion pour reconnaître leur propre rôle dans le conflit, les humains s'unissent individuellement et entre tribus, pour désamorcer le conflit, en assassinant le roi ou celui qui semble avoir le moins de soutien dans le conflit, puis en reconnaissant quand la personne est décédée, combien moins de stress elle a, et l'unification les amène finalement à penser au roi mort déchu comme un dieu, c'est-à-dire la déification ou la sanctification. Ou bien, la culpabilité est imputée à un tiers innocent, dont le meurtre permet la création d'un socle mythologique unificateur commun nécessaire au fondement de la culture humaine. Pour Girard, la religion et la mythologie étaient donc des étapes nécessaires dans l'évolution humaine pour contrôler la violence qui surgit de la rivalité mimétique et de la distribution inégale des choses désirables. La religion a dirigé l'impulsion de bouc émissaire sur des concepts imaginaires, tels que Satan ou des démons, dont l'absence verrait une augmentation des conflits humains, selon Girard. Ses idées allaient à l'encontre du post-modernisme en vogue pendant la majeure partie de sa vie, et sa vision de la nature humaine était pessimiste contrairement aux courants dominants de son temps. Girard considérait la religion comme un instrument essentiel de cohésion, estimant que le but principal des textes sacrés était de mettre fin à la pratique du sacrifice humain en remplaçant rituellement le comportement déclenché par le mécanisme du bouc émissaire, en adoptant et en développant de nombreuses idées de Nietzsche.