António Castanheira Neves, philosophe et universitaire portugais
António Castanheira Neves (né le 8 novembre 1929 à Tábua) est un philosophe juridique portugais et professeur émérite à la faculté de droit de l'Université de Coimbra.
Selon Castanheira Neves, le droit ne peut être compris qu'à travers des problèmes juridiques (en gros, des affaires juridiques), qui doivent être résolus au sein du système juridique (y compris un lien nécessaire avec la moralité). Le droit, affirme-t-il, n'est pas quelque chose de donné ou d'antérieur, mais la solution aux problèmes juridiques. Les problèmes juridiques sont le point de départ décisif. Son opposition au positivisme, au droit naturel et aux diverses théories du syllogisme juridique fera de lui l'un des premiers et des plus accomplis défenseurs de l'interprétivisme.
Castanheira Neves, cependant, a toujours affirmé que le droit - la tâche des avocats - n'est pas essentiellement interprétatif ou herméneutique, mais pratique, c'est-à-dire guidant l'action. Il soutient que l'interprétation juridique n'est pas une caractéristique nécessaire du raisonnement juridique. Au contraire, le droit naît toujours de problèmes juridiques, concrets, historiquement situés, normatifs et pratiques. Toute décision judiciaire vise à régler ce que quelqu'un doit (légalement) faire dans un cas particulier dans une situation historique (et sociale) particulière, et c'est sa caractéristique déterminante. Une décision de justice est elle-même une action. L'interprétation n'est pas toujours nécessaire et, lorsqu'elle l'est, elle est auxiliaire.
Les principes centraux de la philosophie du droit de Castanheira Neves ont été précisés dans son livre massif de 1967 sur la distinction philosophique et méthodologique entre la question de fait et la question de droit. Castanheira Neves aborde les similitudes et les différences significatives entre ses thèses et celles de Dworkin dans la dernière partie de son livre de 2003.
Castanheira Neves affirme également qu'il n'y a pas de loi dans les normes générales (règles, principes, etc.) telles qu'édictées par les législateurs, mais seulement dans la résolution de cas particuliers. A cette thèse, il appelle "jurisprudentialisme".
La loi n'est pas un élément, mais une synthèse, pas une prémisse de validité, mais une validité accomplie, pas un prius, mais un posterius, pas un donné, mais une solution, elle n'est pas au début, mais à la fin. (Castanheira Neves, 1967, p. 586) En cela, il a été précédé par des auteurs comme Viehweg et des écoles de pensée comme les études juridiques critiques, mais il se distinguait de ces auteurs car il prétendait qu'il était essentiel au droit en tant que matière normative, et non seulement de manière descriptive. Sa position équivaut donc, en la matière, au particularisme moral ultérieur de J. Dancy. Castanheira Neves en viendrait à être d'accord avec le dicton de Gadamer selon lequel toute interprétation est application (comme l'a fait Dworkin).